IA : est-ce que l’on contrôle encore ses contenus ?

Collectivement et individuellement, nous n’échapperons pas au déploiement de l’IA. Alors je me questionne : quels sont les impacts (opportunités et menaces) que cela crée pour moi et pour mon activité ?

Une première expérience avec l’IA

Il y a quelques jours, un client a voulu me faire la démonstration de l’IA intégrée dans son nouveau progiciel d’assistance à la gestion de stratégie. Son test portait sur l’obtention de propositions pour remplir un SWOT, ainsi que d’actions associées, pour compléter son propre travail. Les résultats qui ont été proposé étaient censés mais pas tous pertinents compte tenu du travail déjà effectué.

Mais cela pose la question suivante : n’aura-t-il pas envie de garder pour lui son propre travail, sans en faire profiter de potentiels concurrents ? D’ailleurs, a-t-il la capacité de s’en protéger, puisque les données sont hébergées chez l’éditeur qui a techniquement toute capacité à enrichir ses propositions à un client particulier en se servant des bonnes idées de tous ses clients (logiciel en SaaS) ?

Je suis de ceux qui pensent que la réutilisation de contenu et d’invention se fait à l’insu de auteurs et que celle-ci, moyennant moulinette ne les rémunère pas ou/et ne les cite pas, ce pillage est condamnable.

La protection de la valeur ajoutée

Après la captation et l’utilisation de nos données personnelles pour des usages mercantiles pas très identifiables (qui saurait dire à qui sont revendent vos données en chaîne, et à quelle fin ?), voilà maintenant qu’on vous propose de vous fournir une réponse statistiquement adéquate à votre attente, en utilisant des travaux de découverte, d’invention et de rédaction faits par les autres, sans qu’il n’en sachent rien.

S’il est des domaines où l’utilisation de l’IA (je pense à l’interprétation d’imagerie pour la médecine, entre autre) paraît plutôt justifiée, le développement de l’IA tous azimuts devient un réel enjeu pour beaucoup d’entreprises et pour les nations en raison des impacts économiques potentiels pour chacun, tant pour disposer d’outils performants et ne pas se laisser distancer par d’autres, que pour protéger son capital immatériel. Ce dernier point n’est pas innocent. Certaines entreprises ont pris conscience de ces nouveau danger, et cherchent à s’en protéger; à commencer justement par celles dont les revenus viennent de la génération de contenu. A ce titre, je vous propose de parcourir l’article de la rédaction numérique de France Inter du 14 août : https://www.radiofrance.fr/franceinter/le-new-york-times-prend-des-mesures-pour-ne-pas-se-faire-piller-par-les-intelligences-artificielles-4961990.

Certes nous n’échapperons pas à la généralisation de l’IA dans les outils digitaux qui nous accompagnent. Il va falloir s’adapter.

Alors, quelle action ?

Le premier impact pour moi de l’apparition de l’IA, c’est la perte de motivation à produire des articles sur mon métier, exposant mon expertise. Je le faisais pour faire connaître cette expertise. Si cela sert moins l’information de potentiels clients que de conforter certains qu’elles trouveront les mêmes bénéfices à poser simplement une question à un générateur de contenu qui intègre mon regard, mes réflexions et mes méthodes (bien que noyé avec le travail d’autres auteurs), alors il vaut mieux que j’arrête de publier. D’ailleurs je n’ai pas publié depuis 6 mois. Mais faut-il que j’aille plus loin en retirant de mon site internet les contenus métier déjà publiés ? Je n’ai pas encore tranché la question.